Page:Chateaubriand - Voyage en Italie, édition 1921.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

lieux, plantaient la vigne et conduisaient la charrue dans le temple des Stoïciens et les salles de l’Académie. Le siècle des arts renaissait, et de nouveaux souverains achevaient de bouleverser ce qui restait encore des ruines de ces palais, pour y trouver quelques chefs-d’œuvre des arts. À ces diverses pensées se mêlait une voix intérieure qui me répétait ce qu’on a cent fois écrit sur la vanité des choses humaines. Il y a même double vanité dans les monuments de la villa Adriana ; ils n’étaient, comme on sait, que les imitations d’autres monuments répandus dans les provinces de l’empire romain : le véritable temple de Sérapis à Alexandrie, la véritable Académie à Athènes, n’existent plus : vous ne voyez donc dans les copies d’Adrien que des ruines de ruines.

Il faudrait maintenant, mon cher ami, vous décrire le temple de la Sibylle, à Tivoli, et l’élégant temple de Vesta, suspendu sur la cascade ; mais le loisir me manque. Je regrette de ne pouvoir vous peindre cette cascade célébrée par Horace ; mais je l’ai vue dans une saison triste, et je n’étais pas moi-même fort gai. Je vous dirai plus : j’ai été importuné du bruit des eaux, de ce bruit qui m’a tant de fois charmé dans les forêts américaines. Je me souviens encore du plaisir que j’éprouvais lorsque, la nuit, au milieu du désert, mon bûcher à demi éteint, mon guide