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ancienne lui oppose son Panthéon et tous ses débris ; si l’une fait descendre du Capitole ses consuls et ses empereurs, l’autre amène du Vatican la longue suite de ses pontifes. Le Tibre sépare les deux gloires : assises dans la même poussière, Rome païenne s’enfonce de plus en plus dans ses tombeaux, et Rome chrétienne redescend peu à peu dans les catacombes d’où elle est sortie.

J’ai dans la tête le sujet d’une vingtaine de lettres sur l’Italie, qui peut-être se feraient lire, si je parvenais à rendre mes idées telles que je les conçois : mais les jours s’en vont, et le repos me manque. Je me sens comme un voyageur qui forcé de partir demain a envoyé devant lui ses bagages. Les bagages de l’homme sont ses illusions et ses années ; il en remet à chaque minute une partie à celui que l’Écriture appelle un courrier rapide : le Temps[1].



Voyage de Naples

Terracine, 31 décembre.

Voici les personnages, les équipages, les choses et les objets que l’on rencontre pêle-mêle sur les

  1. de cette vingtaine de lettres que j’avais dans la tête, je n’en ai écrit qu’une seule, la Lettre sur Rome à M. de Fontanes. Les divers fragments qu’on vient de lire et qu’on va lire devaient former le texte des autres lettres ; mais j’ai achevé de décrire Rome et Naples dans le quatrième et dans le cinquième livre des Martyrs. Il ne manque donc à tout ce que je voulais dire sur l’Italie que la partie historique et politique.