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ornait cette scène. La moitié du grand dôme de ce temple est tombée. À la vue de ces piliers sombres, de ces cintres concentriques, de ces espèces d’entonnoirs où mugissait l’oracle, on sent qu’on n’habite plus l’Italie et la Grèce, que le génie d’un autre peuple a présidé à ce monument. Un vieux sanctuaire offre sur ses murs verdâtres et humides quelques traces du pinceau. Je ne sais quelle plainte errait dans l’édifice abandonné.

J’ai gagné de là le temple de Pluton et de Proserpine, vulgairement appelé l’ Entrée de l’Enfer. Ce temple est maintenant la demeure d’un vigneron : je n’ai pu y pénétrer : le maître comme le dieu n’y était pas. Au-dessous de l’Entrée de l’Enfer s’étend un vallon appelé le Vallon du Palais : on pourrait le prendre pour l’Élysée. En avançant vers le midi, et suivant un mur qui soutenait les terrasses attenantes au temple de Pluton, j’ai aperçu les dernières ruines de la villa, situées à plus d’une lieue de distance.

Revenu sur mes pas, j’ai voulu voir l’académie, formée d’un jardin, d’un temple d’Apollon et de divers bâtiments destinés aux philosophes. Un paysan m’a ouvert une porte pour passer dans le champ d’un autre propriétaire, et je me suis trouvé à l’Odéon et au théâtre grec : celui-ci est assez bien conservé quant à la forme. Quelque génie mélodieux était sans doute resté dans ce lieu consacré à l’harmonie, car