D’après l’idée qu’on s’est formée généralement de Rancé, on ne verra pas sans étonnement ce tableau de sa première vie ; on ne peut douter de ces faits, puisqu’ils sont racontés par Le Nain lui-même, prieur de la Trappe, ami de Rancé ; il a resserré ces faits en peu de mots :
« Une jeunesse passée dans les amusements de la cour, dans les vaines recherches des sciences, même damnables, après s’être engagé dans l’état ecclésiastique sans autre vocation que son ambition, qui le portait avec une espèce de fureur et d’aveuglement aux premières dignités de l’Église, cet homme, tout plongé dans l’amour du monde, est ordonné prêtre, et celui qui avait oublié le chemin du ciel est reçu docteur de Sorbonne. Voilà quelle fut la vie de M. Le Bouthillier jusqu’à l’âge de trente ans, toujours dans les festins, toujours dans les compagnies, dans le jeu, les divertissements de la promenade ou de la chasse. »
C’est ce qu’en a dit, deux cents ans après, le cardinal de Bausset.
L’archevêque de Tours, l’ambitieux principal de sa famille, n’ayant pu obtenir son neveu Rancé pour coadjuteur, le fit nommer, en qualité d’archidiacre de Tours, député à l’Assemblée du