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VIE DE RANCÉ

Il y eut un duel entre M. de Guise et M. de Coligny, suite du démêlé.

La hardiesse de madame de Montbazon égalait la facilité de sa vie. Le cardinal de Retz, qui lâchait indifféremment des apophthegmes de morale et des maximes de mauvais lieux, écrivait ses Mémoires lorsqu’on croyait qu’il pleurait ses péchés. Il disait de madame de Montbazon « qu’il n’avait jamais vu personne qui eût montré dans le vice si peu de respect pour la vertu. » Quoique grande, les contemporains trouvaient qu’elle ressemblait à une statue antique, peut-être à celle de Phryné ; mais la Phryné française n’eût pas proposé, ainsi que la Phryné de Thespies, de faire rebâtir Thèbes à ses frais, pourvu qu’il lui fût permis de mettre son souvenir en opposition au souvenir d’Alexandre. Madame de Montbazon préférait l’argent à tout.

D’Hocquincourt, ayant fait révolter Péronne, écrivait à madame de Montbazon : « Péronne est à la belle des belles. » S’étant caché dans la chambre de la duchesse, il ne fut pas aussi malheureux que Chastelard, fils naturel de Bayard, sans peur, non sans reproche : Chastelard fut décapité pour s’être caché en Écosse sous le lit de Marie Stuart. Il avait fait une romance sur sa reine aimée :