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LIVRE QUATRIÈME

joindre et s’arrêter au bout de son nez. Dépouillé du cordon bleu par le roi, il le portait sous ses habits. Exilé à Glauk, il passa chez les ennemis ; de là il retourna à Rome ; il y mourut délaissé, après avoir obtenu que les cardinaux conserveraient leur calotte sur la tête en parlant au pape. » Quand il passa à la Trappe, Rancé écrivait à l’abbé Nicaise : « M. le cardinal de Bouillon est depuis trois jours ici, il a vu de près tout ce qui s’y passe, il n’a rien vu qu’il n’ait approuvé et qui ne l’ait touché. Il s’en retourne demain. »

Le cardinal de Bouillon s’écriait en répondant à M. de Saint-Louis, qui lui tenait de bons propos à la Trappe : « Point de mort ! point de mort, M. de Saint-Louis, je ne veux point mourir. » Le cardinal de Bouillon avait un frère, lequel disait de Louis XIV : « Ce n’est qu’un vieux gentilhomme de campagne dans son château : il n’a plus qu’une dent, et il la garde contre moi. » Ce chevalier fit établir, sous la régence, un bal à l’Opéra. Le régent s’y montrait ivre et le chevalier reçut pour ce service six mille livres de pension. On élargissait dans la bourse du peuple la déchirure par où devait passer la France.

Dans une lettre qui ne parvint à la Trappe qu’après la mort de Rancé, lord Perth mandait à l’abbé