exemplaire de l’ Anacréon, qu’il avait donné cet exemplaire à M. Pellisson, non pas comme un bon livre, mais comme un livre fort propre et fort bien relié, que dans les deux premières années de sa retraite, avant que d’être religieux, il avait voulu lire les poètes, mais que cela ne faisait que rappeler ses anciennes idées, et qu’il y a dans cette lecture un poison subtil, caché sous des fleurs, qui est très dangereux, et qu’enfin il avait quitté tout cela[1]. »
Il écrivait à l’abbé Nicaise, le 6 avril 1692 : « Ce que j’ai fait sur Anacréon n’est rien de considérable ; qu’est-ce que l’on peut penser à l’âge de douze ans qui mérite qu’on l’approuve ! j’aimais les lettre et je m’y plaisais, voilà tout. »
Protégé de Richelieu et chéri de la reine mère, Rancé entrait dans la vie sous les auspices les plus heureux. Marie de Médicis avait pour lui une tendresse d’aïeule ; elle le tenait sur ses genoux, le portait, le baisait ; elle dit un jour au père de Rancé : « Pourquoi ne m’avez-vous pas encore amené mon fils ? je ne prétends pas être si longtemps sans le voir ! » On aurait pris ces caresses pour le comble de la fortune ; mais elles
- ↑ Correspondances de l’abbé Nicaise, 5 vol. in-4o (Bib. royale)