suadé de l’inutilité de ce second voyage, il obéit. Une personne inconnue voulut faire accepter à Rancé une bourse où il y avait quarante louis : Rancé n’en prit que quatorze.
L’Apennin revit sur ses sommets ce voyageur qui n’écrivait ni ne faisait de journal. À Monte-Luco, parmi des bois d’yeuses, Rancé put apercevoir des ermitages blancs déjà habités de son temps, et où le comte Potoski s’est depuis caché. Rancé portait avec lui une chère remembrance, mais c’était la première fois qu’il voyageait : il n’avait pas été dix-sept ans, comme Camoëns, exilé au bout de la terre, ainsi que le raconte si bien M. Magnin ; il ne pouvait pas dire sur un vaisseau, en présence des rochers de Bab-el-Mandeb : « Madame, je demande de vos nouvelles aux vents qui viennent de la contrée que vous habitez, aux oiseaux qui vous ont vue. » Le souffle de la religion et la voix des anges ne laissaient arriver jusqu’à Rancé que des souvenirs expiatoires. Le soldat de la nouvelle légion chrétienne rentra le 2 d’avril 1665 à ce camp vide des prétoriens, où l’on ne voit plus que des martres et la fumeterre des chèvres, qui tremble sur les murs. « Rome, dit Montaigne, seule ville commune et universelle ! Pour être des princes