Sorbonne, d’ailleurs homme de condition ; nourri dans la délicatesse et dans le luxe ; vous êtes accoutumé à avoir grand train et à faire bonne chère ; vous êtes en passe d’être évêque au premier jour ; votre tempérament est extrêmement faible, et vous demandez d’être moine, qui est l’état le plus abject de l’Église, le plus pénitent, le plus caché et même le plus méprisé. Il vous faudra dorénavant vivre dans les larmes, dans les travaux, dans la retraite, et n’étudier que Jésus crucifié. Pensez-y sérieusement. » Alors l’abbé de Rancé répondit : « Il est vrai, je suis prêtre, mais j’ai vécu jusque ici d’une manière indigne de mon caractère ; je suis docteur, mais je ne sais pas l’alphabet du christianisme ; je fais quelque figure dans le monde, mais j’ai été semblable à ces bornes qui montrent les chemins aux voyageurs et qui ne se remuent jamais. »
L’abbé de Prières fut vaincu.
Dans quelques lettres qu’a bien voulu me communiquer M. Cousin, Rancé fait l’histoire des combats qu’il eut à soutenir à cette époque. Les quatre premières s’étendent de l’an 1661 à l’an 1664 ; elles sont écrites à l’évêque d’Aleth.
« Je ne puis comprendre, dit-il, que j’aie la hardiesse