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lettres

Je vous prie de ne point me parler dans vos lettres de ce voyage. Si vous persistez à vouloir l’exécuter, marquez-moi simplement, quelque temps avant, que tel jour vous comptez accomplir le projet dont vous m’avez fait part. Si j’ai le plaisir de vous voir, je vous dirai le pourquoi de ces précautions, qui doivent vous paraître folles et qui pourtant ne sont que simples. Tout ce que vous saurez pour le moment, c’est que j’ai la certitude qu’on voit mes lettres et celles que je reçois. Je vais faire en sorte que celle-ci évite le sort des autres. Je vous avoue que ce n’est pas sans impatience que je vois qu’on cherche à me dérober la connaissance de mes sentiments et de mes pensées les plus intimes, et que je m’indigne que les lettres des personnes qui m’écrivent tombent en d’autres mains que les miennes. Je suis surprise que mon frère ne vous ait pas encore écrit ; il ne peut sûrement pas vous avoir oublié. Attendez-vous au premier moment à recevoir de son griffonnage. Je vous confie bonnement que la chose du monde qui me rendrait la plus heureuse, ce serait de voir mon frère dans le cas de vous être utile. Adieu ; je vous