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œuvres de lucile de chateaubriand

S’il ne vous faut, pour rendre vos bonnes grâces aux Muses, que l’assurance de la persévérance de mes sentiments pour vous, vous pouvez vous réconcilier pour toujours avec elles. Si ces divinités, par erreur, s’oublient un instant avec moi, vous le saurez. Je sais que je ne peux consulter sur mes productions un goût plus éclairé et plus sage que le vôtre ; je crains simplement votre politesse. Quant à mes Contes, c’est contre mon sentiment, et sans que je m’en sois mêlée, qu’on les a imprimés dans le Mercure. Je me rappelle confusément que mon frère m’a parlé à cet égard ; mais je n’y fis aucune attention, ni ne répondis. J’étais au moment de quitter Paris ; j’étais incapable de rien entendre, de réfléchir à rien ; une seule pensée m’occupait, j’étais tout entière à cette pensée. Mon frère a interprété pour moi mon silence d’une façon fâcheuse. Je vous sais gré de l’espèce de reproche que vous me faites au sujet de l’impression de mes Contes, puisqu’il me met à lieu de connaître votre soupçon et de le détruire. Soyez bien certain que je n’ai point consenti à la publicité de ces Contes, et que je ne m’en doutais même pas. J’espère que,