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lucile de chateaubriand

sîmes les plus beaux et les plus tristes passages de Job et de Lucrèce sur la vie : le Tœdet animam meam vitæ meæ, l’Homo natus de muliere, le Tum parvo puer, ut sævis projectus ah undis navita, etc. Les pensées de Lucile n’étaient que des sentiments ; elles sortaient avec difficulté de son âme ; mais quand elle parvenait à les exprimer, il n’y avait rien au-dessus. Elle a laissé une trentaine de pages manuscrites ; il est impossible de les lire sans être profondément ému. L’élégance, la suavité, la rêverie, la sensibilité passionnée de ces pages offrent un mélange du génie grec et du génie germanique. »

Le frère aîné venait parfois, mais pour peu de jours, dans sa famille. Il avait coutume d’amener avec lui un jeune conseiller au parlement de Bretagne, M. de Malfilâtre, cousin de l’auteur du Génie de Virgile. « Je crois, dit Chateaubriand, que Lucile, à son insu, avait ressenti une passion secrète pour cet ami de mon frère, et que cette passion étouffée était au fond de la mélancolie de ma sœur. »

Et il ajoute, avec une franchise terrible : « Elle avait d’ailleurs la manie de Rousseau sans en avoir l’orgueil : elle croyait que tout le monde était con-