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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

je dois une visite de noces à Louise de France ; je serai charmé de lui offrir un beau tissu de notre Bretagne. »

Il écrivait à ce sujet, le 9 septembre 1845, à sa sœur, la comtesse de Marigny, qui demeurait à Dinan :

J’ai reçu ta lettre, chère sœur ; il va sans dire que je joins mon nom à celui de tous les Bretons qui veulent faire un présent à la princesse. Tu peux donc me regarder comme un souscripteur et pour la somme qu’il te plaira fixer… Mais observe bien que je veux être confondu dans la foule, n’ambitionnant aucune autre distinction que celle de mon empressement et de mon zèle.

Le 15 du même mois, nouvelle lettre à sa sœur :

Si je suis spécialement chargé par un certain nombre de Bretons d’aller porter leur hommage, voilà tout ce qu’il me faut. J’irai à mes propres frais. Je connais la jeune princesse ; elle me recevra bien partout où elle sera. J’aimerais mieux qu’elle se trouvât déjà en Italie. S’il faut en croire les journaux, elle est déjà à Venise, mais peu importe le lieu… Tu peux m’engager pour 100 francs ; encore une fois, le chiffre ne signifie rien ; il suffit que l’on sache que j’ai été chargé de porter une souscription bretonne à la fille du duc de Berry ; le choix est tout… Ton canton est plus qu’il ne faut pour m’autoriser à me rendre auprès de Madame la Princesse de Lucques dont le frère, d’ailleurs, m’a invité à aller le saluer au printemps prochain.

Peu de temps avant sa mort, Chateaubriand tint à donner à Henri de France un dernier témoignage de sa fidélité. Par une disposition à part son testament, disposition particulière recommandée à sa famille, et dont un double fut remis au comte de Chambord, il donna à ce dernier le petit nombre de ses livres de choix, quelques-uns annotés, ceux qu’il relisait, disait-il, afin de servir aux loisirs et à l’instruction du prince.

Jusqu’à la fin donc, selon la très juste expression de M. Charles de Lacombe, « la flamme royaliste, entretenue par l’honneur, ne cessa de veiller, sous un apparent scepticisme, dans ce cœur désabusé[1]. »

  1. Vie de Berryer, tome II, page 401.