fait trembler, comme l’ombre du cheval de Richard faisait trembler les Philistins.
Le lendemain 28, je m’enfermai à l’hôtel des Bains et j’écrivis ma dépêche à Madame. Le soir même Hyacinthe était parti avec cette dépêche.
Le 29, j’allai voir le comte et la comtesse de Choteck ; je les trouvai confondus du brouhaha de la cour de Charles X. Le grand bourgrave envoyait à force des estafettes lever les consignes qui retenaient les jeunes gens aux frontières. Au surplus, ceux que l’on apercevait dans les rues de Prague n’avaient rien perdu de leur caractère français ; un légitimiste et un républicain, politique à part, sont les mêmes hommes : c’était un bruit, une moquerie, une gaieté ! Les voyageurs venaient chez moi me conter leurs aventures. M*** avait visité Francfort avec un cicerone allemand, très charmé des Français ; M*** lui en demanda la cause, le cicerone lui répondit : « Les Vrançais fenir à Frankfurt ; ils pufaient le fin et faisaient l’amour avec les cholies femmes tes pourchois. Le chénéral Aucherau mettre 41 millions de taxe sur la file te Frankfurt. » Voilà les raisons pour lesquelles on aimait tant les Français à Francfort.
Un grand déjeuner fut servi dans mon auberge ; les riches payèrent l’écot des pauvres. Au bord de la Moldau, on but du vin de Champagne à la santé de Henri V, qui courait les chemins avec son aïeul, dans la peur d’entendre les toasts portés à sa couronne. À huit heures, mes affaires fixées, je montai en voiture, espérant bien ne retourner en Bohême de ma vie.
On a dit que Charles X avait eu l’intention de se retirer à l’autel : il avait des antécédents de ce des-