Madame m’a sur-le-champ parlé d’affaires ; elle m’a remercié de m’être rendu à son invitation ; elle m’a dit qu’elle allait à Prague, non seulement pour se réunir à sa famille, mais pour obtenir l’acte de majorité de son fils : puis elle m’a déclaré qu’elle m’emmenait avec elle.
Cette déclaration, à laquelle je ne m’étais pas attendu, me consterna : retourner à Prague ! Je présentai les objections qui se présentèrent à mon esprit.
Si j’allais à Prague avec Madame et si elle obtenait ce qu’elle désire, l’honneur de la victoire n’appartiendrait pas tout entier à la mère de Henri V, et ce serait un mal ; si Charles X s’obstinait à refuser l’acte de majorité, moi présent (comme j’étais persuadé qu’il le ferait), je perdrais mon crédit. Il me semblait donc meilleur de me garder comme une réserve, dans le cas où Madame manquerait sa négociation.
Son Altesse Royale combattit ces raisons : elle soutint qu’elle n’aurait aucune force à Prague si je ne l’accompagnais ; que je faisais peur à ses grands parents, qu’elle consentait à me laisser l’éclat de la victoire et l’honneur d’attacher mon nom à l’avènement de son fils.
M. et madame de Saint-Priest entrèrent au milieu de ce débat et insistèrent dans le sens de la princesse. Je persistai dans mon refus. On annonça le dîner.
Madame fut très gaie. Elle me raconta ses contestes, à Blaye, avec le général Bugeaud, de la façon la plus amusante. Bugeaud l’attaquait sur la politique et se fâchait ; Madame se fâchait plus que lui : ils criaient comme deux aigles et elle le chassait de la chambre. Son Altesse Royale s’abstint de certains détails dont