prince d’Orange[1] ; il avait puissamment contribué à les faire bien accueillir. Je n’ai pas été assez heureuse pour terminer ce traité[2], l’objet de tous mes vœux ; mais je pense qu’il y a encore des chances de succès ; avant de quitter la Vendée, j’avais donné à M. le maréchal de Bourmont des pouvoirs pour continuer cette affaire ; personne n’est plus capable que lui de la mener à bien, à cause de l’estime dont il jouit en Hollande.
« Blaye, ce 7 mai 1833. »
« Dans l’incertitude où je suis de pouvoir écrire au marquis de La Tour-Maubourg, tâchez de le voir avant votre départ. Vous pouvez lui dire tout ce que vous jugerez convenable, mais sous le secret le plus absolu. Convenez avec lui de la direction à donner aux journaux. »
Je fus ému à la lecture de ces documents. La fille de tant de rois, cette femme tombée de si haut, après avoir fermé l’oreille à mes conseils, avait le noble courage de s’adresser à moi, de me pardonner d’avoir prévu le mauvais succès de son entreprise : sa confiance m’allait au cœur et m’honorait. Madame de Berry m’avait bien jugé ; la nature même de cette en-
- ↑ Guillaume-Georges-Frédéric, fils du précédent. Il succéda à son père en 1840, sous le nom de Guillaume II, et mourut en 1848.
- ↑ Sur ce projet de traité avec le roi de Hollande, voir les très curieux documents saisis à Nantes lors de l’arrestation de MADAME et publiés, pour la première fois, en 1900, dans le remarquable ouvrage de M. H. Thirria : La Duchesse de Berry (un vol. in-8o)
pour le rétablissement de la navigation de l’Escaut et de la Meuse. Il n’accéda définitivement à la séparation de la Belgique et de la Hollande que cinq ans plus tard, en 1838. Il abdiqua la couronne de Hollande en 1840 et se retira à Berlin, où il mourut subitement.