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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

changer, à perfectionner, et vous ferez connaître à la France ce qu’elle a à espérer de son jeune roi.

« Par mes divers rapports avec l’empereur de Russie, je sais qu’il a fort bien accueilli à diverses reprises des propositions de mariage de mon fils avec la princesse Olga. M. de Choulot vous donnera les renseignements les plus précis sur les personnes qui se trouvent à Prague.

« Désirant rester Française avant tout, je vous demande d’obtenir du roi de conserver mon titre de princesse et mon nom. La mère du roi de Sardaigne s’appelle toujours la princesse de Carignan[1] malgré qu’elle ait épousé M. de Montléar, auquel elle a donné le titre de prince. Marie-Louise, duchesse de Parme, a conservé son titre d’impératrice en épousant le comte de Neipperg, et elle est restée tutrice de son fils : ses autres enfants s’appellent Neipperg.

« Je vous prie de partir le plus promptement possible pour Prague, désirant plus vivement que je ne puis vous le dire que vous arriviez à temps pour que ma famille n’apprenne tous ces détails que par vous.

« Je désire le plus possible qu’on ignore votre départ ou que du moins l’on ne sache point que vous êtes porteur d’une lettre de moi, pour ne pas faire

  1. Marie-Christine-Albertine-Charlotte, fille du duc Charles-Chrétien de Saxe et Courlande, née le 9 décembre 1779, mariée d’abord à Charles-Emmanuel-Ferdinand, prince de Carignan. Elle en avait eu deux enfants : Charles-Amédée-Albert, né le 2 octobre 1798 et devenu roi de Sardaigne le 27 avril 1831, et Marie-Élisabeth-Charlotte, née le 13 avril 1800. Le prince de Carignan étant mort le 16 août 1800, sa veuve épousa plus tard M. de Montléar. Elle est morte en 1851.