ils pas menacés ? Que pouvait-il donc, lui, Charles X, plus que ces pouvoirs renversés ? Il a voulu se défendre contre des ennemis ; il était averti du danger par sa police et par des symptômes publics : il a pris l’initiative ; il a attaqué pour n’être pas attaqué. Les héros des trois émeutes n’ont-ils pas avoué qu’ils conspiraient, qu’ils avaient joué la comédie pendant quinze ans ? Eh bien ! Charles a pensé qu’il était de son devoir de faire un effort ; il a essayé de sauver la légitimité française et avec elle la légitimité européenne : il a livré la bataille, et il l’a perdue ; il s’est immolé au salut des monarchies ; voilà tout : Napoléon a eu son Waterloo, Charles X ses journées de Juillet.
Ainsi les choses se présentent au monarque infortuné ; il reste immuable, accoté des événements qui calent et assujettissent son esprit. À force d’immobilité, il atteint une certaine grandeur : homme d’imagination, il vous écoute, il ne se fâche point contre vos idées, il a l’air d’y entrer et n’y entre point du tout. Il est des axiomes généraux qu’on met devant soi comme des gabions ; placé derrière ces abris, on tiraille de là sur les intelligences qui marchent.
La méprise de beaucoup est de se persuader, d’après des événements répétés dans l’histoire, que le genre humain est toujours dans sa place primitive ; ils confondent les passions et les idées : les premières sont les mêmes dans tous les siècles, les secondes changent avec la succession des âges. Si les effets matériels de quelques actions sont pareils à diverses époques, les causes qui les ont produits sont différentes.
Charles X se regarde comme un principe, et, en