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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Quel serait le rôle que devrait jouer la France ? C’est ce que je vais examiner dans la seconde partie de cette Note. »

SECONDE PARTIE.

« L’Autriche et l’Angleterre ont des intérêts communs, elles sont naturellement alliées pour leur politique extérieure, quelles que soient d’ailleurs les différentes formes de leurs gouvernements et les maximes opposées de leur politique intérieure. Toutes deux sont ennemies et jalouses de la Russie, toutes deux désirent arrêter les progrès de cette puissance ; elles s’uniront peut-être dans un cas extrême ; mais elles sentent que si la Russie ne se laisse pas imposer, elle peut braver cette union plus formidable en apparence qu’en réalité.

« L’Autriche n’a rien à demander à l’Angleterre ; celle-ci à son tour n’est bonne à l’Autriche que pour lui fournir de l’argent. Or, l’Angleterre, écrasée sous le poids de sa dette, n’a plus d’argent à prêter à personne. Abandonnée à ses propres ressources, l’Autriche ne saurait, dans l’état actuel de ses finances, mettre en mouvement de nombreuses armées, surtout étant obligée de surveiller l’Italie et de se tenir en garde sur les frontières de la Pologne et de la Prusse. La position actuelle des troupes russes leur permettrait d’entrer plus vite à Vienne qu’à Constantinople.

« Que peuvent les Anglais contre la Russie ? Fermer la Baltique, ne plus acheter le chanvre et les bois sur les marchés du Nord, détruire la flotte de l’amiral