Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

lemagne, la nuit féodale engendra une nouvelle société ; après Napoléon, néant : on ne voit venir ni empire, ni religion, ni barbares. La civilisation est montée à son plus haut point, mais civilisation matérielle, inféconde, qui ne peut rien produire, car on ne saurait donner la vie que par la morale ; on n’arrive à la création des peuples que par les routes du ciel : les chemins de fer nous conduiront seulement avec plus de rapidité à l’abîme.

Voilà les prolégomènes qui me semblaient nécessaires à l’intelligence du Mémoire qui suit, et qui se trouve également aux affaires étrangères.

LETTRE À M. LE COMTE DE LA FERRONNAYS.
« Rome, ce 30 novembre 1828.

« Dans votre lettre particulière du 10 de novembre, mon noble ami, vous me disiez :

« Je vous adresse un court résumé de notre situation politique, et vous serez assez aimable pour me faire connaître en retour vos idées, toujours si bonnes à connaître en pareille matière. »

« Votre amitié, noble comte, me juge avec trop d’indulgence ; je ne crois pas du tout vous éclairer en vous envoyant le mémoire ci-joint ; je ne fais que vous obéir. »

MÉMOIRE
PREMIÈRE PARTIE.

« À la distance où je suis du théâtre des événements et dans l’ignorance presque totale où je me trouve