Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/652

Cette page a été validée par deux contributeurs.
636
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

La résolution que je conçus au moment de la catastrophe de juillet n’a point été abandonnée par moi. Je me suis occupé des moyens de vivre en terre étrangère, moyens difficiles, puisque je n’ai rien : l’acquéreur de mes œuvres m’a fait à peu près banqueroute, et mes dettes m’empêchent de trouver quelqu’un qui veuille me prêter… Je laisse ma procuration pour vendre la maison où j’écris cette page pour ordre de date. Si je trouve marchand à mon lit, je pourrai trouver un autre lit hors de France[1].

Le bruit, si légèrement accueilli par Castellane, est déjà, ce me semble, démontré faux. Mais voici qui est plus concluant encore. On a donné, dit-il, 100 000 francs à Chateaubriand, à la condition, acceptée par lui, de ne plus écrire. Mais alors, comment expliquer que, moins de six mois après, au mois d’octobre 1831, il écrive et publie sa brochure : De la nouvelle proposition relative au bannissement de Charles X et de sa famille, ou suite de mon dernier écrit : De la Restauration et de la monarchie élective ? Cette brochure n’était pas seulement une violente attaque contre la monarchie de Juillet ; elle renfermait, à l’adresse du roi Louis-Philippe, des paroles amères et cruelles, celles-ci par exemple :

Les dernières barricades ont chassé Charles X des Tuileries. Eh bien, dans ce château funeste, au lieu d’une couche innocente, sans insomnie, sans remords, sans apparition, qu’a trouvé Louis-Philippe ? Un trône vide que lui présente un spectre décapité portant dans sa main sanglante la tête d’un autre spectre.

Au mois de mai 1832, nouvelle brochure sur les 12 000 francs envoyés par la duchesse de Berry pour être distribués aux cholériques.

En ce même mois de mai 1832, le Mémoire sur la captivité de madame la duchesse de Berry. Ce Mémoire, où se trouvait la fameuse phrase : Madame, votre fils est mon roi,

  1. Ci-dessus, p. 341.