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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Cette journée a fait le Pape, le Pape que voulait la France, en 1823, lorsque j’avais le portefeuille des Affaires étrangères, à Paris, le Pape qui a répondu à mon discours, et qui, par cette réponse, connue de l’Europe, a pris des engagements politiques.

Le procès-verbal de l’acceptation, dressé par le notaire du Conclave, selon la coutume, est digne d’être remarqué : « Pie VIII s’est déterminé, dit-il, à nommer le cardinal Albani ministre, afin de satisfaire aussi le Cabinet de Vienne. » Singulier moyen sans doute !

Le Souverain-Pontife, partageant les lots entre les deux couronnes, se déclare le Pape de la France et donne à l’Autriche, en compensation, un Secrétaire d’État inamovible.

J’ai dit tout à l’heure que l’auteur des Mémoires n’avait pas conservé longtemps, à l’endroit des Jésuites, les sentiments de Pascal — et ceux du Constitutionnel. À peu de mois de là, en effet, il écrivait sur son neveu Christian de Chateaubriand, jésuite, d’admirables pages, les plus belles de ce cinquième volume.

IV

DANS LES PYRÉNÉES[1].

Il existe, à la Bibliothèque Nationale, des fragments manuscrits de Chateaubriand recueillis par un de ses secrétaires, Ed. L’Agneau, et cédés par lui, en 1846, à un certain Édouard Bricon. Celui-ci, se proposant sans doute de les publier, en avait fait une copie, qui se trouve aujourd’hui également au département des manuscrits. Le plus important de ces fragments se rapporte, sans doute possible, à l’épisode dont il est question dans les Mémoires. Il n’avait pas échappé aux patientes et malicieuses investigations de Sainte-Beuve. Un jeune et remarquable critique, M. Victor Giraud, vient de le publier à son tour,

  1. Ci-dessus, p. 238.