Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/635

Cette page a été validée par deux contributeurs.
619
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

précipiter l’élection pour n’être pas confondu par l’arrivée de ces cardinaux, arrivée que je prévoyais devoir être funeste au principe de mon gouvernement.

À la date du 9 mars, l’auteur du Journal annonce que le Sacré Collège a reçu la copie du discours que l’ambassadeur de France doit prononcer le lendemain, et il le juge en ces termes :

Quelle noblesse d’expressions ! quelle élévation de pensées ! quelle délicatesse d’images ! On voit que ses paroles partent du fond de l’âme. Pour moi, j’en suis dans le ravissement. Figurez-vous, dans l’étroite enceinte d’un Conclave, le tableau d’une nation qui donne la vie, qui dicte des lois de paix à toutes les autres nations, qui est le centre universel vers lequel tous les peuples, peut-être même des tribus dont nous ignorons le nom, dirigent leurs vœux et leurs prières. Tout le Sacré Collège a tressailli d’une sainte joie et se propose de se féliciter, avec le cardinal de Latil, du choix que Sa Majesté Très-Chrétienne a fait d’un si grand homme, dont les principes religieux sont les plus purs et inébranlables. Chaque phrase a été examinée attentivement ; on n’y aperçoit pas l’ombre d’un intérêt politique privé, et moins encore une apparence de vouloir hâter l’élection sans la présence des cardinaux français……

Chateaubriand ajoute ici cette note :

J’ai été tenté de supprimer ici tout ce qui a rapport à mon discours ; mais, venant à penser aux préventions que l’on a cherché à faire naître contre moi, j’ai cru devoir conserver l’opinion du Conclave, comme une défense, comme un témoignage honorable, propre à faire le contre-poids des calomnies dont j’ai été l’objet.

La page du Journal consacrée à la journée du 10 mars donne lieu, de la part de Chateaubriand, à la Remarque ci-après :

Voici encore le nonce (Mgr Lambruschini, nonce du Saint-Siège à Paris) écho et missionnaire d’une coterie. Il paraît qu’on espérait ouvrir au sein du Conclave des conférences sur l’état de nos affaires. J’ai su, d’une autre part, qu’avant la mort de Léon XII des membres du clergé français étaient attendus à