Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/631

Cette page a été validée par deux contributeurs.
615
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Le royaume que gouverne si glorieusement le fils aîné de l’Église n’oubliera pas les conseils pacifiques qui ont empêché la discorde de troubler, même passagèrement, les nouvelles prospérités de ma patrie. Léon XII joignait à ses vertus apostoliques cette modération d’esprit et cette connaissance de son siècle, si nécessaires aux chefs des Empires.

Éminentissimes seigneurs, vos lumières assureront au saint-siège, dans le prochain conclave, un successeur digne de ce pontife conciliateur. Si vous êtes des princes puissants, vous êtes aussi les ministres de cette religion charitable qui abolit l’esclavage parmi les hommes, qui, simple et sublime à la fois, est également appropriée aux besoins de la société naissante et à ceux de la société perfectionnée. Vos suffrages indépendants iront bientôt chercher parmi vos pairs un vrai pasteur pour la chrétienté, un souverain éclairé pour la plus illustre portion de cette noble Italie qui dicta des lois au monde antique, qui civilisa le monde moderne, qui, toujours féconde et jamais épuisée, nourrit aujourd’hui à l’ombre de sa gloire le souvenir de ses grandeurs.

Qu’il me soit permis, Éminentissimes seigneurs, d’offrir en particulier au sacré collège l’hommage de ma profonde vénération.

Dans sa lettre à Mme Récamier, du 21 mars 1829, Chateaubriand parle du second discours qu’il prononça à Rome, celui-là en plein Conclave, le 10 mars 1829. Comme ce discours ne figure pas non plus dans ses Œuvres complètes, le lecteur sera sans doute bien aise de le trouver ici :

Éminentissimes Seigneurs,

La réponse de Sa Majesté Très-Chrétienne à la lettre que lui a adressée le sacré collège vous exprime, avec la noblesse qui appartient au fils aîné de l’Église, la douleur que Charles X a ressentie en apprenant la mort du père des fidèles, et la confiance qu’il repose dans le choix que la chrétienté attend de vous.

Le roi m’a fait l’insigne honneur de me désigner à l’entière créance du sacré collège réuni en conclave. Je viens une seconde fois, Éminentissimes seigneurs, vous témoigner mes regrets pour la perte du pontife conciliateur qui voyait la véritable religion dans l’obéissance aux lois et dans la concorde évangélique ; de ce souverain qui, pasteur et prince, gouvernait l’humble troupeau de Jésus-Christ du faîte des gloires diverses qui se ratta-