Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/612

Cette page a été validée par deux contributeurs.
596
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

première lettre en date du 12 de ce mois[1]. Cette lettre, dans laquelle je vous suppliais de me faire l’honneur de me choisir pour l’un de vos défenseurs, a été imprimée dans les journaux.

« La cause de Votre Altesse Royale peut être traitée individuellement par tous ceux qui, sans y être autorisés, auraient des vérités utiles à faire connaître ; mais si Madame désire qu’on s’en occupe en son propre nom, ce n’est pas un seul homme, mais un conseil d’hommes politiques et de légistes qui doit être chargé de cette haute affaire. Dans ce cas, je demanderais que Madame voulût bien m’adjoindre (avec les personnes dont elle aurait fait choix) M. le comte de Pastoret, M. Hyde de Neuville, M. de Villèle, M. Lainé, M. Royer-Collard, M. Pardessus, M. Mandaroux-Vertamy, M. de Vaufreland.

« J’avais aussi pensé, madame, qu’on aurait pu appeler à ce conseil quelques hommes d’un grand talent et d’une opinion contraire à la nôtre ; mais peut-être serait-ce les placer dans une fausse posi-

  1. Cette lettre du 12 novembre était ainsi conçue :
    « Madame,

    « Vous me trouverez bien téméraire de venir vous importuner dans un pareil moment pour vous supplier de m’accorder une grâce, dernière ambition de ma vie : je désirerais ardemment être choisi par vous au nombre de vos défenseurs. Je n’ai aucun titre personnel à la haute faveur que je sollicite auprès de vos grandeurs nouvelles ; mais j’ose la demander en mémoire d’un prince dont vous daignâtes me nommer l’historien ; je l’espère encore comme le prix du sang de ma famille. Mon frère eut la gloire de mourir avec son illustre aïeul, M. de Malesherbes, défenseur de Louis XVI, le même jour, à la même heure, pour la même cause et sur le même échafaud.

    « Je suis, etc...

    « Chateaubriand. »