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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« Je n’ai jamais eu la prétention, monsieur, de me croire capable de défendre seul la cause du malheur et de la France. Mon dessein, si l’on m’avait permis de parvenir aux pieds de l’auguste prisonnière, était de lui proposer pour l’occurrence la formation d’un conseil d’hommes plus éclairés que moi. Outre les personnes honorables et distinguées qui se sont déjà présentées, j’aurais pris la liberté d’indiquer au choix de Madame M. le marquis de Pastoret, M. Lainé, M. de Villèle, etc., etc.

« Maintenant, monsieur, écarté officiellement, je rentre dans mon droit privé. Mes Mémoires sur la vie et la mort de M. le duc de Berry, enveloppés dans les cheveux de la veuve aujourd’hui captive, reposent auprès du cœur que Louvel rendit plus semblable à celui d’Henri IV. Je n’ai point oublié cet insigne honneur, dont le moment actuel me demande compte et me fait sentir toute la responsabilité.

« Je suis, monsieur, etc., etc.

Chateaubriand. »

Pendant que j’écrivais cette circulaire aux journaux, j’avais trouvé le moyen de faire passer ce billet à madame la duchesse de Berry :

« Paris, ce 23 novembre 1832.
« Madame,

« J’ai eu l’honneur de vous adresser de Genève une