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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tes les intelligences, voilà son domaine plus qu’à tout autre. Il est donc libéral, napoléoniste et même républicain plutôt que royaliste. Aussi la nouvelle France, ses nouvelles illustrations sauraient l’apprécier, tandis qu’il ne sera jamais compris de ceux qu’il a placés dans son cœur si près de la divinité ; et s’il n’a plus qu’à chanter le malheur, fût-il le plus intéressant, les hautes infortunes sont devenues si communes dans notre siècle, que sa brillante imagination, sans but et sans mobile réel, s’éteindra faute d’aliments assez élevés pour inspirer son beau talent.

« Hortense. »
APRÈS AVOIR LU UNE NOTE SIGNÉE HORTENSE.

« M. de Chateaubriand est extrêmement flatté et on ne peut plus reconnaissant des sentiments de bienveillance exprimés avec tant de grâce dans la première partie de la note : dans la seconde se trouve cachée une séduction de femme et de reine qui pourrait entraîner un amour-propre moins détrompé que celui de M. de Chateaubriand.

« Il y a certainement aujourd’hui de quoi choisir une occasion d’infidélité entre de si hautes et de si nombreuses infortunes ; mais, à l’âge où M. de Chateaubriand est parvenu, des revers qui ne comptent que peu d’années dédaigneraient ses hommages : force lui est de rester attaché à son vieux malheur, tout tenté qu’il pourrait être par de plus jeunes adversités.

« Chateaubriand. »
« Paris, ce 6 novembre 1831.