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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

livet[1] qui prescrit de me reconduire à Nantes sous l’escorte de la gendarmerie. Depuis mon départ de Nantes, le département de la Loire-Inférieure est mis en état de siège : par ce transport tout illégal, on me soumet donc aux lois d’exception. J’écris au ministre pour lui demander de me faire appeler à Paris ; il a ma lettre par ce même courrier. Le but de mon voyage à Nantes paraît être tout à fait mal interprété. Jugez dans votre prudence si vous jugeriez convenable d’en parler au ministre. Je vous demande pardon de vous faire cette demande ; mais je ne peux l’adresser qu’à vous.

« Croyez, je vous prie, monsieur le vicomte, à mon vieil et sincère attachement, comme à mon profond respect.

« Votre tout dévoué serviteur,
« Berryer fils.

« P. S. — Il n’y a pas un moment à perdre si vous voulez bien voir le ministre. Je me rends à Tours où ses nouveaux ordres me trouveront encore dans la journée de dimanche ; il peut les transmettre ou par le télégraphe ou par estafette. »

J’ai fait connaître à M. Berryer, par cette réponse, le parti que j’avais pris :

    le conduire de brigade en brigade devant M. le préfet de la Loire-Inférieure, à Nantes.

    « Fait et clos à Angoulême, les jour, mois et an que dessus.

    « Calmus, Martin, Durand. »

  1. Ministre de l’intérieur.