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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

la lettre et voir Madame, s’il le pouvait. Quand il a fallu rédiger le billet, personne ne se souciait de l’écrire : je m’en suis chargé[1].

Notre messager est parti, et nous avons attendu l’événement. J’ai bientôt reçu, par la poste, le billet suivant qui n’avait point été cacheté et qui, sans doute, avait passé sous les yeux de l’autorité :

« Angoulême, 7 juin.
« Monsieur le vicomte,

« J’avais reçu et transmis votre lettre de vendredi dernier, lorsque, dans la journée de dimanche, le préfet de la Loire-Inférieure[2] m’a fait inviter à quitter la ville de Nantes.[3] J’étais en route et aux portes d’Angoulême ; je viens d’être conduit devant le préfet[4], qui m’a notifié un ordre de M. de Monta-

  1. Voir à l’Appendice, le no X : La duchesse de Berry en Vendée.
  2. M. de Saint-Aignan.
  3. Berryer devait quitter non seulement la ville de Nantes, mais la France, et se rendre aux eaux d’Aix-en-Savoie, en suivant l’itinéraire ci-après, visé sur son passeport : Bourbon-Vendée, Luçon, La Rochelle, Rochefort, Saintes, Angoulême, Clermont, Montbrison, Le Puy, Lyon et Pont-de-Beauvoisin.
  4. Voici le procès-verbal de son arrestation : « L’an 1832, le 7 juin, vers une heure du matin ; Nous, Martin (Édouard-Louis), brigadier ; Calmus (Napoléon), Durand (Jean-Baptiste) et Jeannot (Joseph), gendarmes à cheval, en résidence à Angoulême (Charente), soussignés, certifions qu’en vertu des ordres de nos chefs supérieurs, nous nous sommes transportés sur la route qui conduit de cette ville à celle de Cognac, pour rechercher et arrêter le nommé Berryer, député ; l’ayant rencontré, nous nous sommes assurés de sa personne, l’avons conduit devant M. le préfet de la Charente, lequel nous a délivré un réquisitoire pour