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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

bord acceptée et qu’elle m’a renvoyée par l’ordre de M. le préfet de la Seine.

« Paris, ce 22 avril 1832. »

Le maire du neuvième arrondissement, M. Cronier, fut plus courageux, il garda les mille francs et fut destitué. Je lui écrivis ce billet :

« 29 avril 1832.
« Monsieur,

« J’apprends avec une sensible peine la disgrâce dont le bienfait de madame la duchesse de Berry a été envers vous la cause ou le prétexte. Vous aurez, pour vous consoler, l’estime publique, le sentiment de votre indépendance et le bonheur de vous être sacrifié à la cause des malheureux.

« J’ai l’honneur, etc., etc. »

Le maire du quatrième arrondissement est tout un autre homme : M. Cadet de Gassicourt, poète-pharmacien, faisant des petits vers, écrivant dans son temps, du temps de la liberté et de l’Empire, une agréable déclaration classique contre ma prose romantique et contre celle de madame de Staël[1], M. Cadet de Gassicourt est le héros qui a pris d’assaut la croix du portail Saint-Germain-l’Auxerrois, et qui, dans une

  1. Chateaubriaad a commis ici une confusion entre les deux Cadet de Gassicourt, le père et le fils. C’est Cadet le père, né en 1769, mort en 1831. qui a fait des petits vers, composé des vaudevilles et écrit contre Chateaubriand et Mme de Staël deux petits pamphlets : Saint-Géran, ou la Nouvelle langue française (1807) et la Suite de Saint-Géran, ou Itinéraire de Lutèce au Mont-Valérien (1811). — Le Cadet de Gassicourt de 1832, le maire du 4e arrondissement, était le fils du précèdent. Il était né en 1789 et mourut en 1861.