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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tème suivi dans nos relations extérieures. La faute immense du congrès de Vienne est d’avoir mis un pays militaire comme la France dans un état forcé d’hostilité avec les peuples riverains. Je fais voir tout ce que les étrangers ont acquis en territoire et en puissance, tout ce que nous pouvions reprendre en Juillet. Grande leçon ! preuve frappante de la vanité de la gloire militaire et des œuvres des conquérants ! Si l’on faisait une liste des princes qui ont augmenté les possessions de la France, Bonaparte n’y figurerait pas ; Charles X y occuperait une place remarquable !

Passant de raisonnement en raisonnement, j’arrive à Louis-Philippe : « Louis-Philippe est roi, » dis-je, « il porte le sceptre de l’enfant dont il était l’héritier immédiat, de ce pupille que Charles X avait remis entre les mains du lieutenant général du royaume, comme à un tuteur expérimenté, un dépositaire fidèle, un protecteur généreux. Dans ce château des Tuileries, au lieu d’une couche innocente, sans insomnie, sans remords, sans apparition, qu’a trouvé le prince ? un trône vide que lui présente un spectre décapité portant dans sa main sanglante la tête d’un autre spectre…

« Faut-il, pour achever, emmancher le fer de Louvel dans une loi, afin de porter le dernier coup à la famille proscrite ? Si elle était poussée à ces bords par la tempête ; si trop jeune encore, Henri n’avait pas les années requises à l’échafaud, eh bien ! vous, les maîtres, accordez-lui dispense d’âge pour mourir. »

Après avoir parlé au gouvernement de la France, je me retourne vers Holy-Rood et j’ajoute : « Oserai-je prendre, en finissant, la respectueuse liberté d’a-