« Il ne manquait plus à notre glorieuse patrie, pour avoir passé par toutes les misères, que d’avoir un gouvernement de couards ; elle l’a, et la jeunesse va s’engloutir dans la doctrine, la littérature et la débauche, selon le caractère particulier des individus. Reste le chapitre des accidents ; mais quand on traîne, comme je le fais, sur le chemin de la vie, l’accident le plus probable c’est la fin du voyage.
« Je ne travaille point, je ne puis rien faire : je m’ennuie ; c’est ma nature et je suis comme un poisson dans l’eau : si pourtant l’eau était un peu moins profonde, je m’y plairais peut-être mieux. »
Je suis établi aux Pâquis[1] avec madame de Chateaubriand[2] ; j’ai fait la connaissance de M. Rigaud, premier syndic de Genève : au-dessus de sa maison, au bord du lac, en remontant le chemin de Lausanne, on trouve la villa de deux commis de M. de Lapanouze, qui ont dépensé 1 500 000 francs à la faire bâtir et à planter leurs jardins. Quand je passe à pied devant leur demeure, j’admire la Providence qui, dans eux et dans moi, a placé à Genève des témoins de la Restauration. Que je suis bête ! que je suis bête ! le sieur de Lapanouze faisait du royalisme et de la misère avec