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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« Paris, ce 12 août 1830.
« Monsieur le grand référendaire[1],

« J’ai l’honneur de vous envoyer copie des deux lettres que j’ai adressées, l’une à M. le président de la Chambre des pairs, l’autre à M. le ministre des finances. Vous y verrez que je renonce à ma pension de pair, et qu’en conséquence mon fondé de pouvoirs n’aura à toucher de cette pension que la somme échue au 10 août, jour où j’ai annoncé que j’ai refusé le serment.

« J’ai l’honneur d’être avec une haute, etc. »

« Paris, ce 12 août 1830.
« Monsieur le ministre de la justice[2],

« J’ai l’honneur de vous envoyer ma démission de ministre d’État.

« Je suis avec une haute considération,
« Monsieur le ministre de la justice,

« Votre très-humble et très-obéissant serviteur. »

Je restai nu comme un petit saint Jean ; mais depuis longtemps j’étais accoutumé à me nourrir du miel sauvage, et je ne craignais pas que la fille d’Hérodiade eût envie de ma tête grise.

  1. C’était toujours M. de Sémonville. Chateaubriand, qui ne le pouvait souffrir, disait un jour de lui à M. de Marcellus : « Souple à tous les régimes, il a passé du Sénat à la pairie héréditaire, puis déshéritée ; peu lui importent les hommes, pourvu qu’il garde ses traitements. Populus me sibilat, at mihi plaudo… » Chateaubriand et son temps, p. 387.
  2. M. Dupont de l’Eure.