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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

suis aise de vous voir ! voilà de belle besogne ! J’espère que nous autres, au Luxembourg, nous ferons notre devoir. Il serait curieux que les pairs disposassent de la couronne de Henri IV ! J’en suis bien sûr, vous ne me laisserez pas seul à la tribune. »

Comme mon parti était pris, j’étais fort calme ; ma réponse parut froide à l’ardeur de M. de Sainte-Aulaire. Il sortit, vit ses amis, et me laissa seul à la tribune : vivent les gens d’esprit à cœur léger et à tête frivole !

Le parti républicain se débattait encore sous les pieds des amis qui l’avaient trahi. Le 6 août, une députation de vingt membres désignés par le comité central des douze arrondissements de Paris se présenta à la Chambre des députés pour lui remettre une adresse que le général Thiard[1] et M. Duris-Dufresne[2]

  1. Auxonne-Marie-Théodose, comte de Thiard de Bissy (1772-1852). Il était fils de Claude VIII de Thiard, comte de Bissy, lieutenant-général des armées du Roi, gouverneur des ville et château d’Auxonne, gouverneur du Palais-Royal, des Tuileries à Paris, l’un des quarante de l’Académie française. Il était neveu du comte de Thiard, commandant du roi en Bretagne en 1789, guillotiné le 26 juillet 1794. (Voir au tome I, la note 1 de la page 250 (note 52 du Livre V de la Première Partie) Auxonne-Marie-Théodose émigra en 1791 et servit à l’armée de Condé jusqu’en 1799. Sous l’Empire, après avoir été employé par Napoléon dans ses armées et sa diplomatie, il fut disgracié en 1807 et vécut dans la retraite jusqu’en 1814. Après avoir été représentant aux Cent-Jours, il fut député de 1820 à 1834 et de 1837 à 1848. Quoique ancien émigré, quoique né au château des Tuileries, il ne cessa, sous la Restauration comme sous la monarchie de Juillet, de siéger à l’extrême-gauche.
  2. François Duris-Dufresne (1769-1837). C’était, lui aussi, un ancien officier. Après avoir fait partie du Corps législatif, de l’an XII à 1809, il entra, en 1827, à la Chambre des députés et