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carte de carton sur laquelle il étudie avec des lunettes, non les champs de roses de Pæstum, mais les noms des étrangers suspects dont il ne doit pas viser les passe-ports. J’envie son palais (Farnèse), admirable structure inachevée, que Michel-Ange couronna, que peignit Annibal Carrache aidé d’Augustin son frère, et sous le portique duquel s’abrite le sarcophage de Cécilia Metella, qui n’a rien perdu au changement de mausolée. Fuscaldo, en loques d’esprit et de corps, a, dit-on, une maîtresse.

Le comte de Celles, ambassadeur du roi des Pays-Bas, avait épousé mademoiselle de Valence[1], aujourd’hui morte : il en a eu deux filles, qui, par conséquent, sont petites-filles de madame de Genlis. M. de Celles est resté préfet, parce qu’il l’a été[2] ; caractère mêlé du loquace, du tyranneau, du recruteur et de l’intendant, qu’on ne perd jamais. Si vous rencontrez un homme qui, au lieu d’arpents, de toises et de pieds, vous parle d’hectares, de mètres et de décimètres, vous avez mis la main sur un préfet[3].

  1. Fille du général et de la comtesse de Valence, fille elle-même de Mme de Genlis, et de laquelle cette méchante langue de Thiébault a dit : « Chassant de race, Mme de Valence dépassa même en galanterie Mme de Genlis. » (Mémoires, III, 181).
  2. M. de Celles avait été sous Napoléon préfet d’Amsterdam.
  3. Le portrait est piquant ; mais elle est bien jolie aussi et des plus spirituelles, cette lettre que l’ex-préfet écvivaiit à M. de Marcellus le 4 octobre 1828, au moment de l’arrivée de Chateaubriand à Rome : — « Notre hiver va être très curieux. Un bateau à vapeur a remonté le Tibre jusqu’à Ripa-Grande. Six cardinaux sont allés voir le prodige, et tout Rome y court. Quelques rois s’annoncent ; on attend bon nombre d’altesses malades, de souverains en retraite, de princes cadets à la demi-solde, de Russes poitrinaires ; cent douzaines environ d’Anglais accompagnés de leur petite famille ; Walter Scott, Mme l’impé-