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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

toutes les mesures qui vous concernent pour régler les formes du gouvernement pendant la minorité du nouveau roi. Ici je me borne à faire connaître ces dispositions ; c’est un moyen d’éviter encore bien des maux.

« Vous communiquerez mes intentions au corps diplomatique, et vous me ferez connaître le plus tôt possible la proclamation par laquelle mon petit-fils sera reconnu roi sous le nom de Henri V…

« Je vous renouvelle, mon cousin, l’assurance des sentiments avec lesquels je suis votre affectionné cousin.

« Charles. »

Si M. le duc d’Orléans eût été capable d’émotion ou de remords, cette signature : Votre affectionné cousin, n’aurait-elle pas dû le frapper au cœur ? On doutait si peu à Rambouillet de l’efficacité des abdications, que l’on préparait le jeune prince à son voyage : la cocarde tricolore, son égide, était déjà façonnée par les mains des plus grands zélateurs des ordonnances. Supposez que madame la duchesse de Berry, partie subitement avec son fils, se fût présentée à la Chambre des députés au moment où M. le duc d’Orléans y prononçait le discours d’ouverture, il restait deux chances ; chances périlleuses ! mais du moins, une catastrophe arrivant, l’enfant enlevé au ciel n’aurait pas traîné de misérables jours en terre étrangère.

Mes conseils, mes vœux, mes cris, furent impuissants ; je demandais en vain Marie-Caroline : la mère de Bayard, prêt à quitter le château paternel, « ploroit, » dit le loyal serviteur. « La bonne gentil femme