Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/372

Cette page a été validée par deux contributeurs.
358
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tions faciles font qu’aujourd’hui les cabinets sont à même de traiter directement ou sans autre intermédiaires que des agents consulaires, dont il faudrait accroître le nombre et améliorer le sort : car, à cette heure, l’Europe est industrielle. Les espions titrés, à prétentions exorbitantes, qui se mêlent de tout pour se donner une importance qui leur échappe, ne servent qu’à troubler les cabinets près desquels ils sont accrédités, et à nourrir leurs maîtres d’illusions. Charles X eut tort, de son côté, en n’invitant pas le corps diplomatique à se rendre à sa cour ; mais ce qu’il voyait lui semblait un rêve ; il marchait de surprise en surprise. C’est ainsi qu’il ne manda pas auprès de lui M. le duc d’Orléans ; car, ne se croyant en danger que du côté de la république, le péril d’une usurpation ne lui vint jamais en pensée.

Charles X partit dans la soirée pour Rambouillet avec les princesses et M. le duc de Bordeaux. Le nouveau rôle de M. le duc d’Orléans fît naître dans la tête du roi les premières idées d’abdication. Monsieur le dauphin, toujours à l’arrière-garde, mais ne se mêlant point aux soldats, leur fit distribuer à Trianon ce qui restait de vins et de comestibles.

À huit heures et un quart du soir, les divers corps se mirent en marche. Là expira la fidélité du 5e léger. Au lieu de suivre le mouvement, il revint à Paris : on rapporta son drapeau à Charles X, qui refusa de le recevoir, comme il avait refusé de recevoir celui du 50e.

Les brigades étaient dans la confusion, les armes mêlées ; la cavalerie dépassait l’infanterie et faisait ses haltes à part. À minuit, le 31 juillet expirant, on