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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

d’abord de fort belles choses sur la liberté : « Vous n’êtes pas encore roi, répliqua Bastide, écoutez la vérité ; bientôt vous ne manquerez pas de flatteurs. » « Votre père, ajouta Cavaignac, est régicide comme le mien ; cela vous sépare un peu des autres. » Congratulations mutuelles sur le régicide, néanmoins avec cette remarque judicieuse de Philippe, qu’il y a des choses dont il faut garder le souvenir pour ne pas les imiter.

Des républicains qui n’étaient pas de la réunion du National entrèrent. M. Trélat dit à Philippe : « Le peuple est le maître ; vos fonctions sont provisoires ; il faut que le peuple exprime sa volonté : le consultez-vous, oui ou non ? »

M. Thiers, frappant sur l’épaule de M. Thomas et interrompant ces discours dangereux : « Monseigneur, n’est-ce pas que voilà un beau colonel ? — C’est vrai, répond Louis-Philippe. — Qu’est-ce qu’il dit donc ? s’écrie-t-on. Nous prend-il pour un troupeau qui vient se vendre ? » Et l’on entend de toutes parts ces mots contradictoires : « C’est la tour de Babel ! Et l’on appelle cela un roi citoyen ! la République ? Gouvernez donc avec des républicains ! » Et M. Thiers de s’écrier : « J’ai fait là une belle ambassade ! »

Puis M. de La Fayette descendit au Palais-Royal : le citoyen faillit être étouffé sous les embrassements de son roi. Toute la maison était pâmée.

    13 juin 1849, avec les députés de la Montagne et fut arrêté au Conservatoire des Arts-et-Métiers. Traduit devant la Haute-Cour de Versailles et condamné à la déportation perpétuelle, il fut détenu successivement à Doullens et à Belle-Isle. Il fut rendu à la liberté en 1854, et vécut depuis lors dans la retraite.