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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

divers arrondissements de Paris, était signée par MM. Chevalier, président, Trélat, Teste, Lepelletier, Guinard, Hingray, Cauchois-Lemaire, etc.

Dans cette réunion populaire, on proposait de remettre par acclamation la présidence de la République à M. de La Fayette ; on s’appuyait sur les principes que la Chambre des représentants de 1815 avait proclamés en se séparant. Divers imprimeurs refusèrent de publier ces proclamations, disant que défense leur en était faite par M. le duc de Broglie. La République jetait par terre le trône de Charles X ; elle craignait les inhibitions de M. de Broglie, lequel n’avait aucun caractère.

Je vous ai dit que, dans la nuit du 29 au 30, M. Laffitte, avec MM. Thiers et Mignet, avaient tout préparé pour attirer les yeux du public sur M. le duc d’Orléans. Le 30 parurent des proclamations et des adresses, fruit de ce conciliabule : « Évitons la République, » disaient-elles. Venaient ensuite les faits d’armes de Jemmapes et de Valmy, et l’on assurait que M. le duc d’Orléans n’était pas Capet, mais Valois[1].

  1. Les Souvenirs du duc de Broglie sont ici d’accord avec les Mémoires d’Outre-Tombe. « On lisait, dit M. de Broglie, affiché sur la porte même de M. Laffitte, à la Bourse et dans tous les lieux publics, un placard ainsi conçu :

    « Charles X ne peut plus rentrer à Paris ; il a fait couler le sang du peuple ;

    « La République nous exposerait à d’affreuses divisions ; elle nous brouillerait avec l’Europe ;

    « Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la cause de la Révolution ;

    « Le duc d’Orléans ne s’est jamais battu contre nous ;

    « Le duc d’Orléans était à Jemmapes ;

    « Le duc d’Orléans a porté les couleurs nationales, le duc d’Orléans peut seul les porter encore.