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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

il devenait manifeste, par la tergiversation de la cour, qu’ils tomberaient dans l’usurpation plutôt que de se voir engloutis dans la République.

Celle-ci fit afficher un placard qui disait : « La France est libre. Elle n’accorde au gouvernement provisoire que le droit de la consulter, en attendant qu’elle ait exprimé sa volonté par de nouvelles élections. Plus de royauté. Le pouvoir exécutif confié à un président temporaire. Concours médiat ou immédiat de tous les citoyens à l’élection des députés. Liberté des cultes. »

Ce placard résumait les seules choses justes de l’opinion républicaine ; une nouvelle assemblée de députés aurait décidé s’il était bon ou mauvais de céder à ce vœu, plus de royauté ; chacun aurait plaidé sa cause, et l’élection d’un gouvernement quelconque par un congrès national eût eu le caractère de la légalité.

Sur une autre affiche républicaine du même jour, 30 juillet, on lisait en grosses lettres : « Plus de Bourbons… Tout est là, grandeur, repos, prospérité publique, liberté. »

Enfin, parut une adresse à MM. les membres de la commission municipale composant un gouvernement provisoire ; elle demandait : « Qu’aucune proclamation ne fût faite pour désigner un chef, lorsque la forme même du gouvernement ne pouvait être encore déterminée ; que le gouvernement provisoire restât en permanence jusqu’à ce que le vœu de la majorité des Français pût être connu ; toute autre mesure étant intempestive et coupable. »

Cette adresse, émanant des membres d’une commission nommée par un grand nombre de citoyens de