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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

soleil : il a paru charmé de ma visite. Nous avons ouvert une fenêtre sur Rome et admiré l’horizon. C’est la seule chose qui soit restée, pour moi, telle que je l’ai vue : mes yeux ou les objets ont changé ; peut-être les uns et les autres[1]. »

Les premiers moments de mon séjour à Rome furent employés à des visites officielles. Sa Sainteté me reçut en audience privée ; les audiences publiques ne sont plus d’usage et coûtent trop cher. Léon XII[2], prince d’une grande taille et d’un air à la fois serein et triste,

    cours, l’Académie crut devoir distribuer. Avant de partir pour Rome, Guérin exposa son tableau, Marcus Sextus ou le Retour du proscrit. Au sortir de nos troubles civils, alors que les émigrés revoyaient avec transport le pays natal, le sujet choisi par le peintre devait toucher fortement les âmes. Son succès fut immense. Ses principales toiles sont : une Offrande à Esculape, Orphée au tombeau d’Eurydice, Céphale et l’Aurore, Egisthe et Clytemnestre, Didon écoutant les récits d’Enée, Napoléon pardonnant aux révoltés du Caire. On a de lui quelques admirables portraits, parmi lesquels il faut citer surtout ceux de Lescure et d’Henri de Larochejaquelein. En 1828, Guérin était directeur de l’Académie de France à Rome. Il mourut dans cette ville le 6 juillet 1833.

  1. Chateaubriand ne donne ici que le commencement de sa lettre du 11 octobre. Les autres lettres à Mme Récamier, contenues dans le présent livre, ont toutes été plus ou moins modifiées par l’auteur, qui tantôt retranche et tantôt ajoute à son texte primitif. Mme Lenormant, au tome II des Souvenirs de Mme Récamier, a reproduit les lettres du grand écrivain dans leur intégrité, d’après les originaux eux-mêmes.
  2. Léon XII, Annibal della Genga, était né en 1760 à Genga, près de Spolète. Il avait été élu pape, en 1823, à la mort de Pie VII. Pendant son court pontificat, il embellit Rome, encouragea les lettres et enrichit la bibliothèque du Vatican. Il mourut en 1829, au cours de l’ambassade de Chateaubriand. Sa Vie a été écrite par le chevalier Artaud de Montor, l’historien de Pie VII.