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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

la justice, M. Chardel[1] aux postes, M. Marchal[2] au télégraphe, M. Bavoux[3] à la police, M. de Laborde à

    la « Charbonnerie », il fut d’abord membre de la haute-vente et bientôt de la vente suprême. C’est donc à bon droit que l’avocat-général Marchangy, dans l’affaire des quatre sergents de la Rochelle (août 1822), pouvait dire à Mérilhou, qui plaidait pour le sergent Bories : « Ici les véritables coupables ne sont pas sur les bancs des accusés, mais sur les bancs des avocats. » — Nommé conseiller d’État le 20 août 1830, il devint, le 2 novembre suivant, lors de la formation du ministère Laffitte, ministre de l’Instruction publique et des Cultes, et il en profita pour supprimer la Société des Missions de France et pour réunir au domaine de l’État la maison du Mont-Valérien qui en était le chef-lieu. Député de 1831 à 1834, pair de France le 3 octobre 1837, il s’était fait nommer, dès le 21 avril 1832, conseiller à la cour de Cassation, revenant ainsi à la magistrature, après avoir passé par le carbonarisme :

    Que dans un bon fauteuil il dorme à son retour.

  1. Casimir-Marie-Marcellin-Pierre-Célestin Chardel (1777-1847). Il était en 1830 juge au tribunal de la Seine et député de Paris. Pendant les journées de juillet, il présida un comité insurrectionnel, et, dès le 27 août, il se fit nommer conseiller à la cour de Cassation.
  2. Pierre-François Marchal (1785-1864). Il était, depuis 1827, député de la Meurthe. Il prit part aux journées de juillet et s’empara du télégraphe, que le gouvernement nouveau utilisa immédiatement pour assurer son triomphe. Nommé directeur des télégraphes par la Commission municipale, il ne resta pas longtemps à ce poste ; ses idées avancées le firent destituer. Réélu député de 1831 à 1834 et de 1837 à 1845, il siégea dans l’opposition. Après le 24 février, il fit partie de l’Assemblée constituante, et vota constamment avec la gauche républicaine. Il ne fut pas renommé à la Législative et rentra dans la vie privée.
  3. Jacques-François-Nicolas Bavoux (1774-1848). Il était en 1830, député de Paris. Il ne garda la préfecture de police que deux jours ; dès le 1er août, il était remplacé par M. Girod (de l’Ain). Le 23 août, il fut nommé conseiller-maître à la Cour des Comptes. En 1819, professeur suppléant à la Faculté de droit, il avait été traduit devant la cour d’Assises de la Seine sous la prévention d’avoir provoqué, par des discours tenus dans des lieux publics, à la désobéissance aux lois. Acquitté par le jury, après