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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

La position militaire était meilleure : les troupes se trouvaient plus concentrées, et il fallait traverser de grands espaces vides pour arriver jusqu’à elles. Le général Exelmans[1], qui jugea bien ces dispositions, vint à onze heures mettre sa valeur et son expérience à la disposition du maréchal de Raguse, tandis que de son côté le général Pajol[2] se présentait aux députés pour prendre le commandement de la garde nationale.

Les ministres eurent l’idée de convoquer la cour royale aux Tuileries, tant ils vivaient hors du moment où ils se trouvaient ! Le maréchal pressait le président du conseil de rappeler les ordonnances. Pendant leur entretien, on demande M. de Polignac ; il sort et rentre avec M. Bertier[3], fils de la première

  1. Isidore, comte Exelmans (1775-1852), l’un des plus brillants généraux de cavalerie du premier Empire, pair de France sous Louis-Philippe, grand chancelier de la Légion d’honneur en 1849, maréchal de France en 1851.
  2. Pierre-Claude, comte Pajol (1772-1844). Il servit avec éclat sous l’Empire ; Napoléon le créa baron en 1809, général de division en 1812, et grand officier de la Légion d’honneur le 19 février 1814. Ce jour-là, l’Empereur lui dit en l’embrassant : « Si tous les généraux m’avaient servi comme vous, l’ennemi ne serait pas en France. » Louis XVIII le fit comte et lui donna le commandement d’une division de cavalerie à Orléans. Au retour de l’île d’Elbe, il amena ses troupes à Napoléon, qui le nomma pair de France le 2 juin 1815. Mis à la retraite le 3 juin 1816, le comte Pajol voyagea, revint à Paris le 29 juillet 1830, à la nouvelle des Ordonnances, prit la direction de l’insurrection, et, le 2 août, se mit à la tête de la troupe d’insurgés qui marcha sur Rambouillet. La Révolution ne se montra point ingrate : le comte Pajol fut fait grand-cordon de la Légion d’honneur le 31 août 1830, commandant de la 1re division militaire le 26 septembre, et pair de France le 10 novembre 1831.
  3. Albert-Anne-Jules Bertier de Sauvigny, lieutenant au