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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

une question d’honneur militaire, prétendant que le peuple devait, le premier, cesser le combat ; il ajouta néanmoins ce post-scriptum à une lettre qu’il écrivit au roi : « Je pense qu’il est urgent que Votre Majesté profite sans retard des ouvertures qui lui sont faites. »

L’aide de camp du duc de Raguse, le colonel Komierowski, introduit dans le cabinet du roi à Saint-Cloud, lui remit la lettre ; le roi lui dit : « Je lirai cette lettre. » Le colonel se retira et attendit les ordres ; voyant qu’ils n’arrivaient pas, il pria M. le duc de Duras d’aller chez le roi les demander. Le duc répondit que, d’après l’étiquette, il lui était impossible d’entrer dans le cabinet. Enfin, rappelé par le roi, M. Komierowski fut chargé d’enjoindre au maréchal de tenir bon.

Le général Vincent accourut de son côté à Saint-Cloud ; ayant forcé la porte qu’on lui refusait, il dit au roi que tout était perdu : « Mon cher, répondit Charles X, vous êtes un bon général, mais vous n’entendez rien à cela. »

JOURNÉE MILITAIRE DU 29 JUILLET.

Le 29 vit paraître de nouveaux combattants : les élèves de l’École polytechnique, en correspondance avec un de leurs anciens camarades, M. Charras[1],

  1. Jean-Baptiste-Adolphe Charras (1810-1865). Il avait été expulsé de l’École polytechnique trois mois avant les journées de Juillet pour avoir, dans un banquet d’étudiants, porté un toast à La Fayette et chanté la Marseillaise. Il n’était encore que chef de bataillon, malgré l’éclat de ses services en Afrique, lorsqu’éclata la Révolution de Février, qui le fit lieutenant-colonel,