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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

mon compatriote : « Deux mois ne s’étaient pas écoulés depuis que nous avions vu ce même pavillon flotter en face de ces mêmes rivages au-dessus de cinq cents navires. Soixante mille hommes étaient alors impatients de l’aller déployer sur le champ de bataille de l’Afrique. Aujourd’hui, quelques malades, quelques blessés se traînant péniblement sur le pont de notre frégate, étaient son unique cortège… Au moment où la garde prit les armes pour saluer comme de coutume le pavillon à son ascension ou à sa chute, toute conversation cessa sur le pont. Je me découvris avec autant de respect que j’eusse pu le faire devant le vieux roi lui-même. Je m’agenouillai au fond du cœur devant la majesté des grandes infortunes dont je contemplais tristement le symbole[1]. »

La session de 1830 s’ouvrit le 2 mars. Le discours du trône faisait dire au roi : « Si de coupables manœuvres suscitent à mon gouvernement des obstacles que je ne peux pas, que je ne veux pas prévoir, je trouverai la force de les surmonter. » Charles X

    phie. Ses principaux ouvrages sont une Histoire de la philosophie allemande et une Histoire de la domination anglaise dans les Indes (6 volumes in-8o). Il était membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. En 1849, les électeurs du Finistère l’envoyèrent à l’Assemblée législative, où il siégea parmi les royalistes. Après le 2 décembre 1851, il rentra dans la vie privée et mourut à Saint-Germain-en-Laye le 28 juillet 1855. Il avait été, au collège de Vendôme, le condisciple de Balzac, ce qui lui vaut de figurer dans Louis Lambert. Dans la Comédie humaine, Gobseck lui est dédié.

  1. Mémoires d’un officier d’état-major, par le baron Barchou de Penhoen ; p. 427. Ch.