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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

ques fut suivie de celle de M. de Lacretelle[1]. Il m’écrivait à son tour :

« Quel moment ils choisissent pour vous outrager, vous l’homme des sacrifices, vous à qui les belles actions ne coûtent pas plus que les beaux ouvrages ! Votre démission et la formation du nouveau ministère m’avaient paru d’avance deux événements liés. Vous nous avez familiarisés aux actes de dévouement, comme Bonaparte nous familiarisait avec la victoire ; mais il avait, lui, beaucoup de compagnons, et vous ne comptez pas beaucoup d’imitateurs. »

Deux hommes fort lettrés et écrivains d’un grand mérite, M. Abel Rémusat[2] et M. Saint-Martin[3], avaient

  1. Charles-Jean-Dominique de Lacretelle, dit le Jeune (1766-1855), membre de l’Académie française, auteur d’un grand nombre d’ouvrages historiques, dont le meilleur est son Histoire de la Révolution française (1821-1826, 8 vol. in-8o). Il a laissé, sous ce titre : Dix années d’épreuves pendant la Révolution (1842, 1 vol. in-8o), de très intéressants Mémoires qui mériteraient d’être réimprimés.
  2. Jean-Pierre-Abel Rémusat (1788-1832). Membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, professeur au Collège de France, rédacteur du Journal des Savants, conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque royale, l’un des fondateurs de la Société asiatique, dont il fut président en 1829, il a publié sur les langues et les littératures de l’Orient de nombreuses et savantes études, où il a su allier à l’érudition la plus sûre un rare talent d’écrivain. Ces travaux le placèrent au premier rang des orientalistes. Il ne laissait pas, d’ailleurs, de s’occuper aussi des choses d’Occident et de prendre une part active à la politique. Par ses opinions, il appartenait à l’extrême droite.
  3. Antoine-Jean Saint-Martin (1791-1832) fut, comme Abel Rémusat, son confrère à l’Académie des inscriptions, un de nos plus savants orientalistes. Sa Notice sur l’Égypte sous les Pharaons (1811), et celle sur le Zodiaque de Denderah (1822), ses Fragments d’une histoire des Arsacides (1830) et surtout ses Mémoires historiques et géographiques sur l’Arménie (1818)