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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

J’y répliquai sur-le-champ par cet autre billet :

« Paris, ce 29 août 1829, au soir.

« J’ai reçu, prince, une lettre de vos bureaux qui m’invite à passer demain 30, à neuf heures précises, au ministère, si cela m’est possible. Comme cette lettre ne m’annonce pas l’audience du roi que je vous avais prié de demander, j’attendrai que vous ayez quelque chose d’officiel à me communiquer sur la démission que je désire mettre aux pieds de Sa Majesté.

« Mille compliments empressés,
« Chateaubriand. »

Alors M. de Polignac m’écrivit ces mots de sa propre main :

« J’ai reçu votre petit mot, mon cher vicomte ; je serai charmé de vous voir demain sur les dix heures, si cette heure peut vous convenir.

« Je vous renouvelle l’assurance de mon ancien et sincère attachement.

« Le prince de Polignac. »

Ce billet me parut de mauvais augure ; sa réserve diplomatique me fit craindre un refus du roi. Je trouvai le prince de Polignac dans le grand cabinet que je connaissais si bien. Il accourut au-devant de moi, me serra la main avec une effusion de cœur que j’aurais voulu croire sincère, et puis, me jetant un bras sur l’épaule, nous commençâmes à nous prome-