midis albens fluctibus[1], ou venti posuere[2]. Mes ordres étaient donnés pour exécuter dans mon jardin et dans ma maison, rue d’Enfer, les changements et les accroissements nécessaires, afin qu’à ma mort le legs que je voulais faire de cette maison à l’Infirmerie de madame de Chateaubriand fût plus profitable. Je destinais cette propriété à la retraite de quelques artistes et de quelques gens de lettres malades. Je regardais le soleil pâle, et je lui disais : « Je vais bientôt te retrouver avec un meilleur visage, et nous ne nous quitterons plus. »
Ayant pris congé du roi et espérant le débarrasser pour toujours de moi, je montai en calèche. J’allais d’abord aux Pyrénées prendre les eaux de Cauterets ; là, traversant le Languedoc et la Provence, je devais me rendre à Nice, où je rejoindrais madame de Chateaubriand. Nous passions ensemble la corniche, nous arrivions à la ville éternelle que nous traversions sans nous arrêter, et, après deux mois de séjour à Naples, au berceau du Tasse, nous revenions à sa tombe à Rome. Ce moment est le seul de ma vie où j’aie été complètement heureux, où je ne désirais plus rien, où mon existence était remplie, où je n’apercevais jusqu’à ma dernière heure qu’une suite de jours de repos. Je touchais au port ; j’y entrais à pleines voiles comme Palinure : inopina quies[3].