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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

lettre : demain je prends congé de Sa Sainteté ; je remets l’ambassade à M. Bellocq, comme chargé d’affaires, d’après les instructions de votre dépêche no 24, et je pars pour Paris.

« J’ai l’honneur, etc. »

Ce dernier billet est rude, et finit brusquement ma correspondance avec M. Portalis.

À MADAME RÉCAMIER.
« 14 mai 1829.

« Mon départ est fixé au 16. Des lettres de Vienne arrivées ce matin annoncent que M. de Laval a refusé le ministère des affaires étrangères ; est-ce vrai ? S’il tient à ce premier refus, qu’arrivera-t-il ? Dieu le sait. J’espère que le tout sera décidé avant mon arrivée à Paris. Il me semble que nous sommes tombés en paralysie et que nous n’avons plus que la langue de libre.

« Vous croyez que je m’entendrais avec M. de Laval ; j’en doute. Je suis disposé à ne m’entendre avec personne. J’allais arriver dans les dispositions les plus pacifiques, et ces gens s’avisent de me chercher querelle. Tandis que j’ai eu des chances de ministère, il n’y avait pas assez d’éloges et de flatteries pour moi dans les dépêches ; le jour où la place a été prise, ou censée prise, on m’annonce sèchement la nomination de M. de Laval dans la dépêche la plus rude et la plus bête à la fois. Mais, pour devenir si plat et si insolent d’une poste à l’autre, il