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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

dentifs esquissés sous la voûte de mon monument. Ma fidélité à la mémoire de mes anciens amis doit donner confiance aux amis qui me restent : rien ne descend pour moi dans la tombe ; tout ce que j’ai connu vit autour de moi : selon la doctrine indienne, la mort, en nous touchant, ne nous détruit pas ; elle nous rend seulement invisibles.

À M. LE COMTE PORTALIS.
« Rome, le 7 mai 1829.
« Monsieur le comte,

« Je reçois enfin par MM. Desgranges et Franqueville votre dépêche no 25. Cette dépêche dure, rédigée par quelque commis mal élevé des affaires étrangères, n’était pas de celles que je devais attendre après les services que j’avais eu le bonheur de rendre au roi pendant le conclave, et surtout on aurait dû un peu se souvenir de la personne à qui on l’adressait. Pas un mot obligeant pour M. Bellocq, qui a obtenu de si rares documents ; rien sur la demande que je faisais pour lui ; d’inutiles commentaires sur la nomination du cardinal Albani, nomination faite dans le conclave et qu’ainsi personne n’a pu ni prévoir ni prévenir ; nomination sur laquelle je n’ai cessé d’envoyer des éclaircissements. Dans ma dépêche no 34, qui sans doute vous est parvenue à présent, je vous offre encore un moyen très simple de vous débarrasser de ce cardinal, s’il fait si grand’peur à la France, et ce moyen sera déjà à moitié exécuté lorsque vous recevrez cette